Histoire

Relrac2016 - Une logique de soutien à la ‘‘lignée unique’’ de l’empereur japonais : l’ethnicisation des cultes autochtones au XIXe siècle

2 juin 2016
Durée : 00:20:36
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Colloque international - Les religions face aux théories et aux politiques de la «race» (XVe-XXIe siècle)

 

Une logique de soutien à la ‘‘lignée unique’’ de l’empereur japonais : l’ethnicisation des cultes autochtones au XIXe siècle

Intervenant : Yusuke Inenaga, Université municipale d'OSAKA / GSRL

 

Cette intervention a pour objectif d’appréhender le concept japonais de « race » dans le processus de construction de la cohésion culturelle, lors de la restauration Meiji (1868). Nous tenterons ici de contribuer à une réflexion sur l’adaptation des idées monothéistes et leurs liens avec la légitimité de l’intégration nationale autour de la famille impériale. En analysant certaines thèses philologiques et exégétiques de l’école des Études nationales du XVIIIe siècle, cette communication s’efforcera de saisir la nature des divergences entre shintô, bouddhisme et néo-confucianisme pour purifier la « japonité », symbolisée par le Souverain. Une question essentielle se pose alors : dans quelle mesure l’État permet-il de soutenir la cohésion culturelle face à la crise socio-politique depuis l’ouverture du pays (1853) ? L’accent sera mis sur la sacralisation de la « lignée unique » de l’Empereur, dans le cadre de la domination traditionnelle. Cette approche socio-historique de la légitimité vise à élucider une ethnicisation des cultes autochtones selon deux axes. Nous examinerons tout d’abord les thèses des fidèles des Études nationales et leur réaction à l’encontre des privilèges dont jouissent les bouddhistes au sein du régime Tokugawa. En décrivant le double statut du bouddhisme, contrôlé et protégé par le shogunat, il s’agit d’analyser comment les nationalistes considèrent le culte bouddhiste – en particulier la « Loi universelle ». Nous insisterons ensuite sur le moment de la transition socio-politique, afin d’éclairer la logique de soutien à l’idée de « race » impériale qui s’identifie au concept de Nation. Nous analyserons la tentative de transformation de la figure héréditaire de l’Empereur, à la fois en chef d’État et en pontifex maximus. Dans les années 1870, une partie des fidèles des Études nationales mobilisent de nouveaux rituels shintoïstes, qui abandonnent radicalement les rites bouddhiques. Nous viserons à expliquer l’instrumentalisation de la lignée ethno-religieuse. La prière du Souverain envers ses aïeux ne vise-t-elle pas à intégrer, par une métaphore familiale, un imaginaire national d’unité raciale ? Nous approfondirons l’union mystique entre les ancêtres nationaux et la divinité fondatrice de l’État au sein des moeurs. Pour conclure, nous soulignerons la fonction socio-politique de la famille impériale, placée sous l’égide de la sacralité céleste. Notre intervention tend à faire apparaître le rôle de l’État dans un cadre théologico-politique, autour duquel s’est pensée la nécessité d’une autorité « sacrée et indivisible ».

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